Chez les humains, il est connu que la musique peut, selon le type, adoucir un peu notre humeur du jour ou nous relaxer dans des périodes de stress. Tel que Platon le disait, la musique adoucit les mœurs.
De ce fait, des chercheurs se sont posé la question : est-ce aussi efficace chez les mammifères non humains ?
Eh bien, la réponse, bien qu’étant variable selon le type de musique est oui, et aussi chez nos amis les canidés.
C’est-à-dire ?
Chez les humains, la musicothérapie, la thérapie par la musique, présente de nombreux effets bénéfiques comme une diminution de la douleur, une réduction de la pression artérielle et du rythme cardiaque ou encore de l’anxiété.
Et alors s’est donc posé la question de nos amis poilus. Sont-ils eux aussi réceptifs à la musique ?
Cette question s’est posée dans le cadre d’un enrichissement auditif de l’environnement. En soit, la musique n’est pas une substance que l’on consomme, c’est une composante environnementale qui semble avoir plutôt une dimension émotionnelle, du moins chez l’humain.
Eh bien, différentes études ont été menées sur les chiens dans des environnements stressants comme des refuges pour animaux ou clinique vétérinaire.
Ce qu’il en est ressorti est assez intéressant puisqu’il a été montré que la musique classique (ici, Bach, Mozart, Ligeti ou encore Beethoven (^^)) augmentait les comportements de repos et de calme chez les chiens de refuges par rapport à une condition sans aucune musique ou musique de type rock/métal (ici des chansons du groupe Metallica avaient été utilisées).
Nos poilus sont aussi mélomanes, car selon le type de musique, l’effet n’est pas le même. Exposé à du métal, les chiens aboyaient plus et présentaient plus de comportements moteurs. Exposé à de la pop, cela n’avait aucun effet. Seule la musique classique remportait le challenge d’apaisement chez nos toutous.
De plus, il a été montré que d’utiliser toujours les mêmes listes de lecture faisait perdre l’effet positif de la musique classique, et qu’il faut donc varier les plaisirs musicaux du genre classique pour obtenir un effet optimal.
Il a aussi été observé que cette même musique classique réduisait la fréquence cardiaque, indiquant un véritable impact sur le stress chez les animaux, principalement en refuge.
Une autre expérience très intéressante effectuée dans un refuge du Royaume Uni, a démontré que l’utilisation de livres audio induisaient des comportements de calme de façon plus importante qu’avec de la musique classique.
Encore un point bonus pour la musique classique puisqu’elle possède aussi un effet calmant sur les animaux en clinique vétérinaire, mais aussi sur le personnel de la clinique. La même observation a été faite sur les personnes intervenant en refuge ainsi que les visiteurs, favorisant de ce fait les adoptions. En effet, les refuges tests présentaient un taux d’adoption plus important en présence de musique classique (bien que l’on puisse attribuer de nombreuses raisons à cela, notamment la volonté de prendre soin des animaux).
Ainsi, on peut dire que la musique classique, constitue un enrichissement de l’environnement intéressant, et au même titre peut-être que la lecture (une seule étude).
Et cela ne s’arrête pas là. Des études effectuées chez les poulets et rongeurs (rats et souris) montrent que la musique classique améliore l’immunité des animaux et les réponses anti-tumorales. Il est donc fortement probable que l’effet soit similaire chez nos poilus. En effet , le système de réponse et régulation du stress est similaire chez l’ensemble des mammifères.
Bien évidemment, même si ces études sont très prometteuses et que la musique classique est un enrichissement facile à mettre en place, il est important de considérer quelques points.
En effet, les chercheurs pointent l’importance de proposer des environnements sonores mais aussi un environnement de calme que les animaux peuvent choisir.
Comme positionner un petit haut-parleur dans une niche ou une zone de l’enclos et permettre qu’une autre zone de l’enclos soit au calme. De plus, il est aussi important de sélectionner de la musique qui ne contient ni ultra-son ou infra-son désagréable pour le chien.
Le mécanisme exact par lequel la musique classique apaise les animaux n’a pas encore été élucidé, cependant des pistes sont explorées concernant le tempo et le type d’instruments utilisés, qui semblent avoir un effet variable selon si les instruments sont à vent ou à corde par exemple.
De plus, il existe bien évidemment une variabilité interindividuelle qui rentre en jeu, il est donc aussi important de rester vigilant si certains chiens ne sont pas si réceptifs à la musique.
Pour l’anecdote, ces expériences ont été effectuées avec des musiques spécialement conçues pour les chiens. Cependant, la musique classique reste en tête en terme d’efficacité, ou encore les livres audio.
En passant, je confirme que mon chien a des goûts musicaux, car selon le type de musique, son comportement peut passer du mode Belle au bois dormant à Godzilla !
Ainsi, cet article est une invitation à la réflexion sur comment enrichir l’environnement de nos poilus, que cela soit chez nous, en refuge ou en clinique afin d’améliorer encore et toujours leur bien être avec des petites choses simples, abordables et facile à mettre en place.
Bibliographie :
Lindig et al., Musical Dogs : A review of the influence of Auditory Enrichment on Canine Health and Behavior, Animals 2020, 10:127