Quand on parle du stress, chez le chien ou l’humain, on entend souvent parler du cortisol.
En effet, sous l’effet d’un stress, l’organisme va réagir et activer la production de glucocorticoïdes, notamment, le cortisol en réponse à ce stress.
Lors d’une activité physique intense chez le chien ou chez l’humain, le corps va sécréter des glucocorticoïdes (dont cortisol). On pourrait en déduire que l’activité physique intense est mauvaise et qu’il vaut mieux favoriser les jeux et activités calmes.
Et bien, ça dépend…
Mais commençons par le début : qu’est-ce que le cortisol ?
Le cortisol est une hormone stéroïde faisant partie des glucocorticoïdes. Stéroïde signifie que ce produit est un dérivé de stérol. Le précurseur (molécule d’origine) du cortisol est le fameux cholestérol, que l’on retrouve dans les membranes cellulaires chez les animaux. Sans cholestérol, pas de cortisol.
Le site de production principal de ce cortisol est situé dans les glandes surrénales, petites glandes situées au dessus des reins.
Le cortisol a d’ailleurs bien mauvaise réputation, à tort, car ce dernier est très utile pour l’organisme, et quand ce dernier ne le produit pas, cela induit bien des problèmes.
Ah oui ?
Et oui, réduire l’action du cortisol à son implication dans les mécanismes liés au stress serait une grossière erreur. En effet, la sécrétion du cortisol (diffusion dans l’organisme), de base, est régie par ce que l’on appelle le rythme circadien. Le chien est un animal diurne, c’est à dire respectant des cycles jours/nuits. Ses phases d’activités se déroulent durant la journée et sont soumises, comme chez les humains, à ce que l’on appelle une sécrétion pulsatile de cortisol.
Pulsatile ?
Une sécrétion pulsatile est une sécrétion par vague. Le cortisol est donc sécrété par période durant la journée, et chez le chien, atteint sa valeur la plus importante le matin et la plus basse le soir.
Cependant, certains facteurs peuvent changer cette régulation de base.
En effet, les chiens de travail (travaillant le jour et/ou la nuit) , ou chiens expérimentant du stress et/ou peu d’activité pendant la journée ne vont pas nécessairement présenter ce profil.
Ainsi, selon les chiens et leur mode de vie, le profil de la sécrétion de glucocorticoïdes (cortisol) peut changer, être plus haut, plus bas ou ne pas présenter de variations significatives durant la journée.
Il est d’ailleurs important, tout comme chez l’humain, de respecter le cycle jour/nuit d’un animal diurne. Chez l’humain, il a été montré que le non respect de ce cycle peut provoquer de nombreux problèmes, notamment des soucis cardio-vasculaires.
Au-delà du rythme circadien, la sécrétion de cortisol varie aussi avec l’exercice physique.
Dans les muscles squelettiques , opposé aux muscles lisses viscéraux, le cortisol joue un rôle extrêmement important.
En effet, lors d’un effort physique intense, l’organisme va sécréter du cortisol notamment pour permettre le maintien de l’effort et anticiper le prochain effort. Le cortisol permet de réguler l’homéostasie énergétique (équilibre de l’énergie musculaire) ainsi que le métabolisme musculaire.
Cela signifie que le cortisol va augmenter la disponibilité des substrats métaboliques, c’est à dire la matière première nécessaire au bon fonctionnement du muscle.
Il va aussi protéger les muscles de l’inflammation, c’est à dire de l’action du système immunitaire en réponse à un effort intense. Il va aussi permettre le maintien de l’intégrité vasculaire, c’est à dire le bon fonctionnement des vaisseaux sanguins.
Protéger les muscles du système immunitaire ?
Et oui, après un exercice intense, les muscles squelettiques présentent une sensibilité plus importante aux glucocorticoïdes, comme le cortisol, qui permet de contrer les effets potentiellement néfastes d’une activité trop forte.
Si l’intensité et la durée de l’activité sont trop importantes, cela peut déclencher ce que l’on appelle une phase inflammatoire. Le cortisol est alors sécrété pour contrer les effets négatifs de cette phase. Il va aider l’organisme à gérer ces évènements afin de permettre d’arriver au bout de l’exercice et ainsi, renforcer le système musculaire afin qu’il devienne plus résistant et donc plus performant.
Et ce n’est pas tout !
De plus, l’axe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien, responsable de la régulation de la sécrétion du cortisol, va devenir moins sensible au cortisol avec l’entraînement pour justement permettre à l’organisme de s’adapter à l’activité physique régulière.
Tout ceci est donc une mécanique bien huilée, mais attention.
Une activité physique moyenne régulière n’a pas de conséquence néfaste pour l’organisme, grâce à cette balance bien établie, en respectant la force de l’activité et les phases de repos (récupération).
Une activité trop intense régulière peut commencer à poser des problèmes notamment au niveau cardio-vasculaire, et d’autant plus si des phases de repos (récupération) ne sont pas respectées.
En effet, dans l’organisme, il existe un mécanisme d’inactivation du cortisol qui permet de convertir le cortisol actif en cortisol inactif : le cortisone. Un surentraînement altère cette capacité d’inactivation du cortisol et peut donc impacter les processus anaboliques, c’est à dire perturber la fabrication de matière première nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme.
Ainsi, les glucocorticoïdes (AKA cortisol) , dans le cas de sécrétion intermittente (suivi cycle naturel ou activité modérée) permettent de réparer les muscles et d’améliorer leur performances. C’est ainsi qu’une pratique régulière et modérée permet d’améliorer les capacités musculaires, et donc les performances.
A l’inverse, une activité trop intense régulière va provoquer une exposition chronique ou maintenue aux glucocorticoïdes qui va être néfaste. Cela perturbe alors la capacité de l’organisme à gérer sa production de muscle (balance anabolisme (production de matière) et catabolisme (dégradation de la matière) et ainsi provoquer une atrophie musculaire, c’est à dire dégrader la fonctionnalité des muscles.
Le cortisol est donc une hormone utile et fondamentale, mais, comme tout, mal répartie, surproduite ou sous-produite, cela peut vite causer des désordres biologiques qui peuvent avoir des conséquences lourdes au niveau de l’organisme.
Cependant, inversement, il n’est pas non plus question de faire la chasse au sorcière du cortisol, car comme nous l’avons vu, cette hormone est très importante, et pas seulement dans le cadre du stress, comme on l’entend souvent.
Ainsi, pour en revenir à l’activité de nos toutous, la question n’est pas tant d’interdire au chien de faire une activité intense qui lui fait sécréter du cortisol et pose problème, mais plutôt d’ajuster et de savoir quand arrêter.
Et comme tout, favoriser un entraînement progressif, plutôt que trop d’un coup, tout en laissant tout de même la possibilité à nos toutous de ressentir la joie et les bénéfices d’une activité intense dans la bonne proportion.
Bibliographie :
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